Emission France 5 - tatouage, piercing, scarification
Le PiercingLe chiffre
En France, 100 000 personnes se font "percer" une partie du corps chaque année.
Définition
Le piercing est un phénomène de mode, certes, mais c'est aussi un geste ancien dans certaines tribus, assimilé à un rituel.
Ainsi les Mayas en portaient un sur la langue, les Eskimos avaient un bijou en os sous la lèvre inférieure. En Inde et au Pakistan, le piercing dans le nez existe depuis des siècles. En Egypte antique, il était réservé aux pharaons et aux membres de la famille royale.
Signification
Aujourd'hui, même si le piercing peut être fait sur un coup de tête pour son aspect esthétique, il a souvent une signification plus profonde, qui change avec l'âge :
Chez les adolescents, il est souvent une manière d'affirmer son identité face aux parents, en général réfractaires à cette mutilation. Pour les adultes, cette pratique véhicule, en effet, une image négative de rébellion ou de marginalité.
Certains sociologues le considère comme un rituel de passage à l'age adulte. Pour d'autres, c'est une façon de montrer son appartenance à un groupe.
La signification varie aussi en fonction de la localisation du piercing : visibles - sur le nez ou la lèvre -, ils ont une signification publique. A l'inverse, placés sur les organes génitaux, ils ont un sens très personnel, intime.
Risques
Le geste de percer un corps n'est pas dénué de risque. 10 à 30 % des poses de piercing sont suivies de complications : hémorragies ou infections.
Les infections peuvent être bactériennes, le risque est alors d'être contaminé par un streptocoque ou un staphylocoque. Mais des virus peuvent aussi être transmis, comme ceux des hépatites B et C, celui du sida ou encore de l'herpès.
Les adolescents sont particulièrement concernés car leur croissance en cours augmente le risque d'infection. Il faut donc qu'ils puissent réaliser des soins d'hygiène pendant toute la période de cicatrisation.
La grossesse est également une période à risques : l'augmentation de la taille du ventre entraîne une distension de la peau et tire sur un éventuel piercing au nombril, cette zone favorisant d'ailleurs les macérations et donc, les infections.
Les poseurs de piercing conseillent d'adapter la taille du bijou à la grosseur du ventre pendant les quatre ou cinq premiers mois. Au-delà, ils utilisent une matière spéciale, un plastique très flexible.
Si l'on souhaite enlever le bijou durant la grossesse, le trou va se refermer si le piercing est récent, c'est-à-dire s'il a moins de deux ans. Au-delà, l'évolution du trou est imprévisible. Après l'accouchement, il faudra attendre quelques mois, si un nouveau piercing est souhaité sur le nombril.
De plus, un piercing pendant la grossesse semble augmenter les vergetures, car le trou devient le point de départ de tiraillements et de distensions de la peau, il va donc les "cristalliser" autour de lui.
Il faut préciser que si tous ces risques sont bien connus, il n'existe pas de réglementation stricte imposée à l'industrie du piercing. Un guide des bonnes pratiques a été édité mais nul n'est obligé de le suivre.
Quant à la cicatrisation, elle est longue. Si elle est en moyenne obtenue en moins de quatre semaines pour l'oreille, il en faut six pour la langue, mais il faut plus de deux mois si le piercing concerne les mamelons ou les organes génitaux, et de six à douze mois pour le nombril. Durant toute cette période, des soins quotidiens seront nécessaires.
De plus, après un piercing génital ou lingual, les rapports sexuels génitaux ou oro-génitaux seront à éviter pendant deux à trois semaines, tout comme les baisers.
Enfin, il existe des contre-indications : ne doivent pas se faire percer les personnes souffrant de déficit immunitaire, de maladies chroniques de la peau ou encore d'infections dentaires. De même, cela est à éviter pour les personnes qui prennent des traitements à base de cortisone ou d'anti-inflammatoires ainsi que celles qui sont allergiques au métal implanté.
Tatouage, j't'ai dans la peau
Rappel des faits
Coup de tête, rêve de gosse, amour que l'on veut graver à tout jamais... les tatouages, tabous il y a quelques années, se sont démocratisés. La profession de tatoueur s'est développée dans la foulée, mais dans l'absence de législation, les dérives se multiplient. Actualité L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a lancé une mise en garde, début juin 2006, sur les tatouages temporaires à base de henné. Ceux-ci contiendraient une substance allergisante illégale qui serait à l'origine d'eczémas allergiques. Modifications corporelles Les tatouages font partie des modifications corporelles, au même titre que les piercings, les implants ou encore les scarifications. Phénomènes de mode ou signes d'appartenance, choix esthétiques ou sociaux, ils sont aussi parfois l'expression d'un mal-être ou de souffrances refoulées, notamment chez les adolescents. Santé et hygiène Certains groupes à risque doivent éviter de se tatouer, en particulier les personnes sous traitements médicaux, les alcooliques, toxicomanes, femmes enceintes, personnes atteintes d'hémophilie, du sida, d'hépatite B et C, de maladies cardiovasculaires et ceux sous contrôle cardiaque et porteur d'un pacemaker. De plus, chaque petite perforation crée une plaie susceptible de s'infecter et de transmettre une maladie via des bactéries ou des virus. C'est la raison pour laquelle certaines règles essentielles d'hygiène sont nécessaires avant, pendant et après cette opération. Réglementation Peu de pays possèdent à ce jour une réglementation dédiée au tatouage. La clientèle doit donc le plus souvent s'en remettre au sérieux et à l'éthique de chaque professionnel et/ou à l'affiliation de certains tatoueurs à des associations professionnelles. Aucun règlement européen n'impose ou n'interdit le tatouage sur des personnes mineures : en pratique, les tatoueurs demandent une autorisation écrite des parents, et certains refusent même de tatouer les clients non adultes. Le Conseil de l'Europe a cependant adopté, le 19 juin 2003, une résolution sur les maquillages et tatouages permanents. Ce texte vise à introduire une législation spécifique sur la composition des produits utilisés pour ces pratiques et à assurer la gestion hygiénique de leurs conditions et techniques d'application. Invités Xavier Pommereau Psychiatre, Xavier Pommereau est chef de service du centre Abadie, pôle aquitain de l'adolescent du CHU de Bordeaux. Il est par ailleurs l'auteur de l'ouvrage intitulé Ado à fleur de peau, paru aux éditions Albin-Michel. Tin-Tin Ce tatoueur parisien, qui se fait appelé Tin-Tin, est président du Syndicat national des artistes tatoueurs, une association à but non-lucratif qui compte environ 150 membres. Son objectif est de regrouper les professionnels du secteur ayant pour but la défense et la reconnaissance du tatouage artistique en France. Jérôme Pierrat Journaliste et rédacteur en chef de Tatouage Magazine, Jérôme Pierrat est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Les hommes illustrés et Les vrais, les durs, les tatoués. Jean-Baptiste Guiard Schmid Praticien hospitalier, le docteur Jean-Baptiste Guiard Schmid est spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon de Paris. Il est aussi l'auteur du Guide des bonnes pratiques du piercing. A decouvrir : http://www.studiotitane.com/fr/tatouage/tatouage.html#